Qu’est-ce qu’un pacte d’associés en start-up ?
Définition
Un pacte d'associés, également appelé pacte d'actionnaires, est un document contractuel qui régit les relations entre les signataires d'une start-up, à savoir les associés et leurs investisseurs. C'est une convention extra-statutaire qui vient compléter les statuts de la société.
Ce pacte permet de fixer les règles du jeu entre toutes les parties prenantes dès le départ, notamment sur des aspects capitalistiques, de sortie et de gestion des conflits.
Le pacte d'associés aborde divers aspects de la société, tels que :
- sa gouvernance, sa gestion et la conduite de ses affaires,
- la composition et l'évolution de son capital,
- le traitement des hommes clés dans la société,
- tout autre engagement particulier pris par tout ou partie des associés.
La différence avec statut d'associé
Contrairement aux statuts de la société qui sont obligatoires et publics, le pacte d'associés est un document facultatif et confidentiel. Les statuts sont déposés au greffe du tribunal de commerce et publiés au journal d'annonces légales, tandis que le pacte d'associés reste privé et n'est connu que des signataires.
Le pacte d'associés offre une plus grande flexibilité et permet d'organiser les relations entre associés de manière plus détaillée que les statuts. Il peut être signé par tous les associés ou seulement par certains d'entre eux, selon les besoins spécifiques de la start-up.
Durée d'un pacte d'associés
La durée d'un pacte d'associés doit être spécifiée lors de sa rédaction. Si aucune mention n'est prévue, le pacte a une durée de vie indéterminée, et chaque signataire peut le résilier tant que sa démarche n'est pas de mauvaise foi.
Récemment, la Cour de cassation a validé les pactes d'associés dont la durée correspondait à la durée de vie de la société, soit 99 ans (prorogeable). Elle a également approuvé les clauses stipulant que le pacte resterait en vigueur tant que les signataires ou les parties conserveraient la qualité d'associé.
Il est recommandé de préciser la durée du pacte ou, au minimum, de définir une clause de reconduction tacite pour éviter toute ambiguïté sur sa durée de validité.
Pourquoi conclure un pacte d'associés pour une startup ?
Cas 1 : Le départ d'un fondateur
Le pacte d'associés est particulièrement utile pour gérer le départ potentiel d'un fondateur. Il peut inclure des clauses spécifiques telles que :
- Clauses de "good leaver" et "bad leaver" : ces clauses définissent les conditions de départ et leurs conséquences sur les parts du fondateur sortant.
- Mécanisme de "reverse vesting" : cela permet de s'assurer que les fondateurs restent impliqués dans le projet sur une période définie.
Ces dispositions protègent la startup en cas de départ prématuré d'un fondateur, évitant ainsi la présence de "dead equity" (parts détenues par des associés non impliqués) qui pourrait freiner le développement de l'entreprise.
Cas 2 : Entrée de nouveaux investisseurs
Lors de l'entrée de nouveaux investisseurs, le pacte d'associés joue un rôle important :
- Conditions d'entrée et de sortie : le pacte définit ces conditions pour les nouveaux investisseurs.
- Clauses de droit de préemption, sortie conjointe (tag-along) ou obligation de sortie conjointe (drag-along) : ces clauses permettent de gérer efficacement les futures levées de fonds et rassurent les investisseurs potentiels sur la gouvernance de la startup.
Par exemple, dans l’émission Qui Veut Être Mon Associé sur M6, des pactes d’associés sont réalisés entre l’entrepreneur et le juré qui souhaite investir, comme par exemple Anthony Bourbon.
Cas 3 : Désaccord stratégique
En cas de désaccord stratégique entre les fondateurs ou avec les investisseurs, le pacte d'associés peut prévoir :
- Mécanismes de résolution des conflits : cela peut inclure la médiation ou l'arbitrage.
- Clauses de gouvernance : elles définissent clairement les rôles et responsabilités de chacun.
- Procédures de prise de décision : celles-ci s'appliquent aux questions stratégiques importantes.
Ces dispositions permettent de gérer les conflits de manière structurée et d'éviter les blocages qui pourraient nuire au développement de la startup.
Le contenu d'un pacte d'associé pour start-up
Les clauses régissant le fonctionnement de la start-up
Ces clauses visent à définir la gouvernance et la gestion de l'entreprise :
- Clause d'accord unanime : elle soumet certaines décisions stratégiques à l'approbation de l'ensemble des signataires du pacte. Cela peut inclure la modification des statuts, la réalisation d'investissements importants, ou la distribution de dividendes exceptionnels.
- Clauses de gouvernance : elles définissent clairement les rôles et responsabilités de chacun, ainsi que les procédures de prise de décision pour les questions stratégiques importantes.
- Clauses de non-concurrence et d'exclusivité : elles assurent une implication totale et loyale des associés dans le projet commun.
- Clauses de good leaver et bad leaver : comme vu précédemment, ces clauses définissent les conditions de départ d'un fondateur et leurs conséquences sur ses parts. Elles permettent de racheter les titres au prix du marché en cas de départ non fautif (good leaver) ou à un prix décoté en cas de départ fautif (bad leaver).
- Mécanismes de résolution des conflits : le pacte peut prévoir des procédures de médiation ou d'arbitrage en cas de désaccord entre les associés.
Les clauses relatives au transfert de titres
Ces clauses visent à contrôler les mouvements de titres et à protéger les intérêts des associés :
- Clause de préemption : comme vu précédemment, elle accorde aux autres signataires du pacte un droit de priorité en cas de cession de titres par un associé. Avant de céder ses titres à un tiers, l'associé cédant doit d'abord les proposer aux autres associés.
- Clause d'agrément : elle subordonne toute cession de titres à l'accord préalable de l'ensemble des signataires du pacte, permettant ainsi de contrôler l'identité et le profil des nouveaux entrants.
- Clause d'inaliénabilité (ou d'interdiction temporaire de cession) : elle interdit aux associés de céder leurs titres pendant une durée déterminée, généralement de 2 à 3 ans. Cette clause vise à garantir la stabilité du capital social.
- Clause de sortie conjointe (ou droit de suite) : elle permet aux associés minoritaires de vendre leurs titres dans les mêmes conditions qu'un associé majoritaire cédant ses parts à un tiers.
- Clause de plafonnement des participations : elle limite le pourcentage du capital social que chaque associé peut détenir, évitant ainsi qu'un seul associé ne prenne le contrôle absolu de la société.
- Droit de respiration : il peut être accordé aux fondateurs, leur permettant de céder jusqu'à 10 % de leurs titres sans être soumis aux restrictions habituelles.
Ces clauses permettent de sécuriser le transfert des titres, de prévoir la sortie éventuelle d'investisseurs, et de définir certains engagements spécifiques. Elles sont importantes pour maintenir l'équilibre entre les associés et protéger les intérêts de la start-up à long terme.
Quels sont les risques d’un pacte absent ou mal rédigé ?
L'absence de pacte d'associés ou un pacte mal rédigé peut engendrer de nombreux problèmes au sein d'une société. Les conflits liés aux règles de fonctionnement, à la prise de décision ou au départ d'un associé peuvent provoquer des blocages majeurs, notamment sur la valorisation et le rachat des parts. Sans clauses de préemption ou d'agrément, les associés risquent de perdre le contrôle de l'actionnariat, tandis que les minoritaires restent exposés face aux décisions des majoritaires. De plus, un pacte imprécis peut compliquer la cession des parts, limiter l'efficacité des sanctions ou permettre une résiliation unilatérale. En l'absence de dispositions sur la confidentialité ou les conflits d'intérêts, les informations sensibles et l'intégrité des décisions stratégiques peuvent être mises en danger, nuisant ainsi à la gouvernance globale de l'entreprise.
La modification et/ou rupture d’un pacte d’associé
Modification d'un pacte d'associés
La modification d'un pacte d'associés ne peut pas se faire de manière arbitraire ou informelle. Elle doit suivre une procédure rigoureuse, généralement définie dans le pacte lui-même ou dans un avenant. Les points clés à retenir sont :
- la modification nécessite l'accord de tous les signataires du pacte,
- elle se fait généralement par la signature d'un avenant au pacte initial,
- il est recommandé de prévoir les modalités de modification dans le pacte original pour éviter tout litige futur.
Rupture d'un pacte d'associés
Un pacte d'associés peut prendre fin de plusieurs manières :
- à la date convenue par les signataires lors de la rédaction du pacte,
- à la survenance d'un événement spécifique prévu dans le pacte,
- par résiliation unilatérale d'un des signataires, si la durée du pacte est indéterminée,
Pour des motifs précisés dans le pacte, tels que :
- le non-respect d'une clause importante,
- l'exclusion d'un associé,
- des mésententes profondes entre les parties.
Il est important de noter que la résiliation unilatérale doit être motivée par des raisons légitimes et sérieuses, clairement énoncées dans le pacte lui-même.
Conséquences du non-respect du pacte
Le non-respect d'un pacte d'associés peut entraîner plusieurs conséquences :
- Sanctions financières : le signataire fautif peut être contraint de payer des dommages-intérêts en cas de préjudice subi par la société ou les autres associés,
- Rupture du pacte : le non-respect d'une clause essentielle peut entraîner la rupture totale du pacte,
- Sortie forcée du signataire fautif : dans les cas les plus graves, la violation du pacte peut justifier l'exclusion de l'associé concerné,
Il est à noter que les sanctions prévues dans le pacte peuvent être révisées par un juge s'il estime qu'elles sont excessives.
En conclusion, la modification et la rupture d'un pacte d'associés sont des processus encadrés qui nécessitent une attention particulière lors de la rédaction initiale du pacte. Il est recommandé de faire appel à un professionnel du droit pour s'assurer que ces aspects sont correctement traités et pour éviter tout litige futur.