Qu'est-ce qu'une SASU et l'avantage des dividendes ?
La SASU s'est imposée comme une forme juridique de choix pour les entrepreneurs solo. Sa flexibilité et sa fiscalité avantageuse en font un véhicule privilégié pour de nombreux indépendants, consultants et professions libérales.
Définition de la SASU
La SASU (Société par Actions Simplifiée Unipersonnelle) est une forme de société commerciale caractérisée par un associé unique. Elle combine :
- une responsabilité limitée aux apports,
- une grande liberté statutaire,
- un régime fiscal de l'impôt sur les sociétés (IS),
- la possibilité de distribuer des dividendes.
C'est cette dernière caractéristique qui attire particulièrement l'attention des entrepreneurs. Contrairement au salaire du dirigeant, les dividendes échappent aux lourdes cotisations sociales !
Les avantages et inconvénients de la distribution de dividendes
Opter pour les dividendes plutôt qu'une rémunération classique présente des avantages considérables, mais n'est pas sans inconvénients.
Les avantages :
- Absence de cotisations sociales classiques (économie potentielle de 45% !),
- Fiscalité plafonnée à 30% avec la flat tax,
- Possibilité d'opter pour le barème progressif si avantageux,
- Flexibilité dans le timing de versement.
Mais attention, ce n'est pas tout rose non plus...
Les inconvénients :
- Pas d'acquisition de droits sociaux (retraite, chômage),
- Bénéfices déjà imposés à l'IS avant distribution,
- Procédure légale à respecter pour la distribution,
- Possible impact sur la trésorerie de l'entreprise.
Les dividendes : définition et principes clés
Les dividendes constituent le nerf de la guerre dans une stratégie d'optimisation fiscale en SASU. Comprendre leur fonctionnement est fondamental avant de se lancer.
Qui décide du versement des dividendes ?
Dans une SASU, la décision est simple : c'est l'associé unique qui décide !
En tant qu'associé unique, vous êtes le seul à décider de l'affectation du résultat de votre société. Vous pouvez choisir de :
1. Distribuer une partie ou totalité du bénéfice en dividendes,
2. Mettre les bénéfices en réserve pour les besoins futurs de l'entreprise,
3. Combiner les deux approches.
Cette décision s'officialise lors de l'assemblée générale ordinaire annuelle, généralement tenue dans les 6 mois suivant la clôture de l'exercice. Un procès-verbal doit être rédigé pour formaliser cette décision.
Les conditions légales pour la distribution
Vous ne pouvez pas distribuer des dividendes n'importe comment ! Des conditions légales strictes s'appliquent.
Conditions impératives pour distribuer des dividendes :
- La société doit avoir réalisé un bénéfice distribuable,
- La réserve légale doit être correctement constituée (10% du capital),
- Les pertes antérieures doivent être apurées.
Le bénéfice distribuable se calcule selon la formule suivante :
Le non-respect de ces conditions peut entraîner la qualification de "dividendes fictifs", passibles de sanctions pénales. Pas de blague avec ça !
La flat tax sur les dividendes en SASU
Parlons maintenant du cœur du sujet : la fameuse flat tax.
Qu'est-ce que le Prélèvement Forfaitaire Unique (PFU) ?
Le PFU, plus communément appelé "flat tax", est un dispositif fiscal introduit pour simplifier l'imposition des revenus du capital. Pour les dividendes en SASU, c'est le régime par défaut.
La flat tax, c'est simple : un taux unique de 30% sur vos dividendes, point.
Ce taux global de 30 % se décompose en :
- 12,8% au titre de l'impôt sur le revenu,
- 17,2% pour les prélèvements sociaux (CSG, CRDS, etc.).

Concrètement, si vous percevez 10 000€ de dividendes, vous paierez 3 000€ d'impôts et prélèvements sociaux.
Taux d'application et abattement
Contrairement au régime du barème progressif, la flat tax s'applique sur le montant brut des dividendes, sans aucun abattement. C'est à la fois sa force (simplicité) et sa faiblesse (absence d'abattement).
À noter : au moment du versement des dividendes, un prélèvement forfaitaire non libératoire (PFNL) de 12,8% est effectué comme acompte d'impôt sur le revenu. Ce prélèvement est ensuite régularisé lors de votre déclaration annuelle.
Vous pouvez demander une dispense de ce prélèvement si votre revenu fiscal de référence est inférieur à :
- 50 000€ pour une personne célibataire,
- 75 000€ pour un couple marié ou pacsé.
La demande doit être formulée avant le 30 novembre de l'année précédant celle du versement. Un petit gain de trésorerie toujours bon à prendre !
Option pour le barème progressif de l'impôt sur le revenu

La flat tax n'est pas obligatoire ! Vous pouvez opter pour le barème progressif de l'impôt sur le revenu. Mais est-ce vraiment avantageux ?
Comparaison entre Flat Tax et Barème Progressif
Le choix entre flat tax et barème progressif dépend essentiellement de votre tranche marginale d'imposition. Voici les tranches pour 2025 :
L'option pour le barème progressif présente deux avantages majeurs :
1. Un abattement de 40% sur le montant des dividendes,
2. Une déductibilité partielle de la CSG (6,8% sur les 17,2%).
Prenons un exemple :
Pour 10 000€ de dividendes avec un taux marginal de 11% :
- Avec la flat tax : 10 000€ × 30% = 3 000€ d'impôt,
- Avec le barème progressif :
- Base imposable après abattement : 10 000€ × 60% = 6 000€,
- Impôt sur le revenu : 6 000€ × 11% = 660€,
- Prélèvements sociaux : 10 000€ × 17,2% = 1 720€,
- CSG déductible l'année suivante : 10 000€ × 6,8% × 11% = 74,8€,
- Total : 660€ + 1 720€ - 74,8€ = 2 305,2€.
Économie réalisée : près de 700€ !
Généralement, le barème progressif est plus intéressant si vous êtes dans les tranches à 0% ou 11%. Au-delà, la flat tax devient souvent plus avantageuse.
Nos conseils pour réduire la fiscalité
Comment optimiser concrètement la fiscalité de vos dividendes ? Voici quelques conseils pratiques qui font leurs preuves.
Simulations d'imposition : quand et comment ?
Avant de vous verser des dividendes, faites toujours une simulation fiscale. Plusieurs approches sont possibles :
1. Équilibrer salaire et dividendes
Le mix optimal consiste souvent à se verser un salaire modéré (pour acquérir des droits sociaux) complété par des dividendes. Cette stratégie permet de minimiser les charges sociales tout en préservant une protection sociale.
2. Étaler les distributions
Plutôt que de vous verser une grosse somme une année, répartissez sur plusieurs exercices pour rester dans des tranches d'imposition favorables.
3. Jouer sur le timing
En fonction de votre situation fiscale personnelle, choisissez le bon moment pour vous verser des dividendes.
Exemple : Antoine, consultant en marketing digital, a choisi de se verser un salaire mensuel de 2 500€ et des dividendes de 30 000€ en fin d'année. Cette répartition lui permet d'économiser environ 8 000€ par rapport à un salaire équivalent au total.
Prendre conseil auprès d'un expert-comptable
N'hésitez pas à solliciter un expert-comptable. Son expertise peut vous faire économiser bien plus que ses honoraires !
Un bon expert-comptable vous aidera à :
- Déterminer le mix optimal entre salaire et dividendes,
- Choisir entre flat tax et barème progressif,
- Optimiser le calendrier de versement,
- Anticiper les impacts sur votre fiscalité personnelle.
Pensez à intégrer cette expertise dans votre budget annuel : c'est un investissement, pas une dépense.
Les dividendes pour une personne morale
Que se passe-t-il lorsque l'associé unique de la SASU n'est pas une personne physique mais une autre société ? La donne change complètement.
Régime mère-fille et intégration fiscale
Lorsque les dividendes sont versés à une société mère, le régime dit "mère-fille" peut s'appliquer sous certaines conditions :
- la société mère doit détenir au moins 5% du capital de la filiale,
- la participation doit être conservée pendant au moins 2 ans.
Dans ce cas, les dividendes sont quasiment exonérés d'impôt, avec seulement une quote-part de frais et charges de 5% intégrée au résultat imposable.
Si vous envisagez une structure de type holding, sachez que cette organisation peut présenter de nombreux avantages fiscaux et patrimoniaux. Cependant, elle nécessite une mise en place rigoureuse et un accompagnement juridique adapté.
L’impact du versement de dividendes sur les charges sociales

Les dividendes et les charges sociales, c'est toute une histoire !
Cumul avec des salaires ou d'autres revenus
La grande force des dividendes en SASU : ils ne sont pas soumis aux cotisations sociales classiques. Mais attention aux nuances !
Si vous percevez à la fois un salaire et des dividendes :
- Le salaire reste soumis aux cotisations sociales habituelles (environ 45% au total),
- Les dividendes ne supportent que les prélèvements sociaux à 17,2%.
Cette différence de traitement explique l'intérêt d'une stratégie mixte.
Un point important à retenir : les dividendes ne génèrent aucun droit social (retraite, chômage, maladie). Si vous optez pour une rémunération majoritairement sous forme de dividendes, pensez à compenser par des solutions de protection sociale complémentaires :
- Assurance retraite supplémentaire,
- Assurance perte d'emploi,
- Prévoyance renforcée.
Quand et comment se verser des dividendes en SASU ?
Le timing et la procédure sont essentiels pour optimiser vos dividendes en toute légalité.
Calendrier fiscal
Voici les grandes étapes à respecter :
1. Clôture de l'exercice (souvent le 31 décembre),
2. Approbation des comptes dans les 6 mois suivant la clôture,
3. Décision d'affectation du résultat lors de l'assemblée générale,
4. Mise en paiement des dividendes dans les 9 mois après la clôture,
5. Prélèvements fiscaux et sociaux au moment du versement,
6. Déclaration fiscale personnelle l'année suivante.
Le respect de ce calendrier est impératif pour éviter tout risque de contestation fiscale.
Procédures à suivre
Pour distribuer des dividendes en toute légalité, suivez ces étapes :
1. Vérifiez l'existence d'un bénéfice distribuable
Assurez-vous que votre SASU dispose d'un bénéfice distribuable suffisant après constitution des réserves obligatoires.
2. Tenez une assemblée générale ordinaire
Même si vous êtes seul associé, cette formalité est obligatoire. Rédigez un procès-verbal qui mentionne :
- L'approbation des comptes annuels,
- L'affectation du résultat,
- Le montant des dividendes à distribuer.
3. Documentez votre décision
Conservez soigneusement le PV d'assemblée générale, c'est votre justificatif en cas de contrôle.
4. Effectuez les déclarations fiscales
Votre SASU doit déclarer le versement des dividendes via le formulaire 2777.
5. Procédez au versement
Transférez les fonds de votre compte professionnel vers votre compte personnel.
En 2025, les dividendes en SASU représentent un formidable outil d’optimisation fiscale, à condition de bien en comprendre les mécanismes. Entre la flat tax et le barème progressif, votre choix doit toujours être guidé par votre situation personnelle et vos objectifs financiers.
L’essentiel n’est pas seulement de réduire vos impôts, mais de trouver le juste équilibre entre rémunération, protection sociale et stratégie patrimoniale. En anticipant vos décisions et en vous entourant d’un expert-comptable si nécessaire, vous transformerez vos dividendes en un levier durable pour sécuriser et développer votre avenir d’entrepreneur.
Les informations présentées dans cet article ont un but strictement informatif et pédagogique. Elles ne constituent ni un conseil financier, ni une recommandation personnalisée. Avant toute décision d’investissement, nous vous recommandons de consulter un professionnel agréé (conseiller en gestion de patrimoine, expert-comptable, etc.) afin d’évaluer les solutions les plus adaptées à votre situation personnelle, fiscale et patrimoniale.
Les investissements comportent des risques de perte en capital. Ne placez jamais plus que ce que vous êtes prêt à perdre.



